Après les manifestations pro-démocratiques de 2011, le gouvernement bahreïni a consacré une quantité incroyable de ressources à faire taire les voix dissidentes, à la limitation de la diversité des contenus et à la diffusion de récits pro-gouvernementaux dans les médias. Cependant, ses efforts se sont intensifiés depuis le début de la crise sanitaire, qui a fourni une couverture facile pour les actions anti-démocratiques du gouvernement. Dès lors, la gestion de la pandémie de Covid – 19 a contribué à la détérioration de nombreux droits dans la région du Golfe, notamment le droit à la liberté d’expression.
En effet, le gouvernement bahreïni a continué de convoquer, d’interroger, d’arrêter, de poursuivre et d’emprisonner les personnes qui publient des commentaires en ligne présentant le gouvernement sous un jour défavorable. Par exemple, le Bureau des poursuites publiques du Bahreïn a annoncé qu’il » confrontera de manière décisive (…) toute personne qui publie ou participe à la circulation de fausses nouvelles et de rumeurs tendancieuses » pendant la pandémie, puisque les circonstances exigent que les citoyens » soutiennent les agences et les institutions de l’État « . Pourtant, il est évident que les restrictions à la liberté d’expression mentionnées ci-dessus ne peuvent être justifiées, car elles ne sont en aucun cas corrélées à la santé publique et contreviennent donc au droit international des droits de l’Homme et aux normes que le Bahreïn a signé pour s’y conformer.
En effet, Il est de notoriété publique que le Bahreïn est parti au Pacte international relatif aux droits politiques et civils et de la Charte des droits de l’Homme de la Ligue arabe. Textes, qui garantissent la liberté d’expression. Et pourtant, le Bahreïn à tendance à inclure des garanties et des protections illusoires en faveur des libertés fondamentales d’expression et de liberté des médias dans sa Constitution. En ce sens, malgré ces garanties légales, selon Reporters sans frontières, le Bahreïn occupe la 169e place sur 180 pays dans son classement annuel mondial de la liberté de la presse.
Ce placement est justifié par la répression systématique exercée par le pouvoir à l’encontre des journalistes et des professionnels médiatiques chaque fois qu’ils tentent de rendre compte sur papier de la dissidence populaire. En fait, la première vague d’arrestations a commencé au lendemain des manifestations massives de 2011, que les reporters parviennent à couvrir. L’un d’entre eux, le photojournaliste Hassan Mohammed Qambar, a été condamné à plus de 100 ans de prison pour avoir filmé les événements de 2011. Plus tard, une deuxième vague a commencé en 2015, sur fond de critiques croissantes de la guerre au Yémen et de la participation du Bahreïn à la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite. Le coup final et fatal à la liberté de la presse a été porté avec la fermeture du dernier média indépendant du Bahreïn, le quotidien Al-Wasat, en juin 2017. Son rédacteur en chef, Mahmoud Al-Jaziri, a été arrêté en octobre de la même année et a été condamné à 15 ans de prison.
De plus, au Bahreïn, les journalistes féminins sont confrontées à de nombreuses restrictions dans leur pratique et leur liberté d’expression. Elles sont d’autant plus vulnérables aux intimidations, à la censure et aux allégations de diffamation. En outre, elles sont confrontées, comme dans d’autres régions du monde, à des stéréotypes patriarcaux. La liberté de mouvement des femmes journalistes tend à être plus restreinte et contrôlée que celle de leurs homologues masculins. Leur accès aux sources et aux informations est rendu plus difficile à de multiples niveaux. Enfin, les hommes politiques et le grand public semblent moins tolérer les opinions controversées lorsqu’elles sont exprimées par des femmes.
La situation est encore plus alarmante depuis que le moratoire de fait sur l’application de la peine de mort au Bahreïn a été levé. Ainsi, les journalistes en sont d’autant plus soumis à des risques vitaux du fait de l’élévation légitime de leur voie. En ce sens, la résolution du Parlement européen adoptée le 11 mars 2021 par 633 voix pour, 11 contre et 45 abstentions déplore vivement la levée du moratoire et demande aux autorités d’instaurer immédiatement un nouveau moratoire sur l’application de la peine capitale en vue de son abolition. Les députés demandent également que tous les défenseurs des droits de l’Homme et les prisonniers d’opinion soient libérés immédiatement et sans condition. Le gouvernement bahreïnite doit cesser de harceler les défenseurs des droits de l’Homme et lever immédiatement les interdictions de voyager, soulignent les députés. Les autorités du pays doivent également garantir que les défenseurs des droits de l’Homme puissent mener leurs activités légitimes en toutes circonstances.
Ainsi, la liberté d’expression pourrait être considérée comme la principale émanation de l’Homme au sein de la société. Sa pleine reconnaissance et garantie préserve la stabilité des États modernes et représente le fondement de la démocratie. Bien que, comme toutes les libertés, elle ne peut manquer d’avoir des limites, cependant, ces limites ne peuvent être définies par des orientations politiques ou religieuses, encore moins par des régimes autoritaires, mais uniquement par le respect d’autrui.