Depuis 2011, le gouvernement saoudien a arrêté et emprisonné des journalistes, des blogueurs et des écrivains. Puis, début octobre 2018, le journaliste saoudien expatrié Jamal Khashoggi est entré dans le consulat saoudien à Istanbul, en Turquie. Il n’est pas réapparu et il s’est avéré que les forces de sécurité saoudiennes ont assassiné Khashoggi et démembré son corps sur les ordres du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman. Malgré cela, aucun responsable saoudien ou membre de la famille royale n’a été tenu pour responsable de la mort de Khashoggi.
Même si la mort de Khashoggi a provoqué une forte indignation internationale, il n’est pas le premier journaliste à être visé par le gouvernement saoudien. Parmi ceux qui sont en prison figurent Saleh al-Shehi, journaliste et chroniqueur pour Al-Watan, Nadhir al-Majid, Wajdi al-Ghazzawi, Alaa Brinji, Marwan al-Mureisi et Raif Badawi ; et d’autres…
Plus récemment, le gouvernement saoudien a pris pour cible les femmes activistes pour la défense des droits Humains, emprisonnant plus d’une douzaine d’entre elles. Parmi elles figurent Nour Abbdulaziz, Hatoon al-Fassi et Nassima al-Sada, des militantes qui étaient également blogueuses et écrivaines et qui ont suscité de vives inquiétudes quant à la persécution menée par le gouvernement saoudien a l’encontre des droits fondamentaux.
Ainsi, l’Arabie saoudite prend régulièrement pour cible des militants, des journalistes et des blogueurs pour des « délits d’expression ». Ces persécutions étant en violation de la déclaration universelle des droits de l’homme qui garantit le droit à la liberté d’expression et d’opinion.
En outre, le gouvernement saoudien ne reconnaît pas le droit à la liberté d’expression et d’opinion. Au contraire, la constitution de facto du royaume – la Loi fondamentale – accorde aux autorités le pouvoir de « prévenir tout ce qui mène à la désunion, à la sédition et à la division », y compris les critiques pacifiques. Elle proclame également que « les médias de masse et d’édition et tous les moyens d’expression doivent utiliser un langage décent et respecter les lois de l’État. Tout ce qui conduit à la sédition et à la division, ou porte atteinte à la sécurité de l’État ou à ses relations publiques, ou porte atteinte à l’honneur et aux droits de l’homme, est interdit ».
Des lois ultérieures ont consacré d’autres limitations à la liberté d’expression, notamment la loi de 2000 sur la presse et les publications, la loi de 2007 sur la cybercriminalité, la loi de 2015 sur les associations et, plus récemment, la loi pénale de novembre 2017 sur le terrorisme et son financement, qui criminalise explicitement l’expression critique à l’égard du roi et du prince héritier.
Cet écheveau législatif permet aux responsables saoudiens d’arrêter des militants, des journalistes, des écrivains et des blogueurs accusés de blasphème, d’’athéisme et d’apostasie, ainsi que des crimes relevant de la loi antiterroriste liés à des propos critiquant la famille royale, le gouvernement ou la structure dirigeante.
Les arrestations de journalistes et les détentions coordonnées de dissidents ont contribué au climat peu propice à la liberté d’expression dans le royaume. Reporters sans frontières note ainsi que les autorités saoudiennes « ne tolèrent ni les partis politiques, ni les syndicats, ni les groupes de défense des droits de l’Homme, et le niveau d’autocensure est extrêmement élevé. (…) Le blasphème, l’insulte à la religion, l’incitation au chaos et la diffamation du roi et de l’État sont les accusations les plus fréquentes portées contre ceux qui manifestent le désir de rapporter la vérité. »
Ainsi, si la liberté d’expression peut être considérée comme la principale émanation de l’Homme au sein de la société. Sa pleine reconnaissance et garantie préserve la stabilité des États modernes et représente le fondement de la démocratie. Bien que, comme toutes les libertés, elle ne peut manquer d’avoir des limites, cependant, ces limites ne peuvent être définies par des orientations politiques ou religieuses, encore moins par des régimes autoritaires, mais uniquement par le respect d’autrui.