Sadeq Majeed Thamer et Jaafar Mohamed Sultan sont deux ressortissants bahreïnis qui ont récemment été condamnés à mort en Arabie saoudite. Sadeq était alors un employé de 26 ans de la Thamer Commercial Company et Jaafar, âgé de 23 ans, participait à plusieurs activités religieuses et sociales. Accusés de transporter et de posséder des matières explosives, ils ont tous deux été arrêtés sans mandat et soumis à une disparition forcée pendant 115 jours, tout en subissant des formes de torture physique et psychologique. La Cour d’appel saoudienne ayant confirmé leur condamnation à mort, ils attendent maintenant la décision de la Cour suprême. Si celle-ci est confirmée, ils courent un risque imminent d’être exécutés.
Le 8 mai 2015, à la douane de King Fahd Causeway, les autorités saoudiennes ont arrêté Sadeq et Jaafar et saisi leur voiture sans présenter de mandat d’arrêt ni donner de raison à leur arrestation. Au début, ils ont été transférés à l’intérieur de l’Arabie saoudite, et 25 jours après leur arrestation, il y a eu une opération de transfert à Bahreïn. Pendant leur transfert, et alors qu’ils étaient dans le bus avec un officier bahreïni, ce dernier a reçu un appel et est sorti du bus ; à son retour, il a commencé à les insulter et à les menacer de représailles. Ils ont donc été renvoyés en Arabie saoudite.
Le même jour, vers 18h30, les domiciles de Jaafar et Sadeq à Bahreïn ont été perquisitionnés par des individus en civil, portant des vêtements blancs appartenant à la direction des enquêtes criminelles et aux forces de police bahreïnies. Ils ont fouillé les domiciles sans présenter de mandat. Ils ont confisqué un ordinateur portable, un ordinateur et des téléphones appartenant à Sadeq et Jaafar ainsi qu’à des membres de leur famille. Leurs parents n’ont pas été informés de leur arrestation et ne savaient pas où ils se trouvaient.
Sadeq et Jaafar ont ensuite été emmenés à la prison d’investigation générale de Dammam, en Arabie saoudite, où ils ont été placés à l’isolement pendant près de quatre mois. Après 115 jours de disparition forcée, ils ont été autorisés à appeler leurs parents, après que leur famille ait contacté diverses entités gouvernementales bahreïnies et saoudiennes, mais n’ont pas été autorisés à leur parler des conditions de leur détention et des enquêtes. Lors de leur première visite avec leurs parents le 13 octobre 2015, Sadeq et Jaafar ont informé leurs parents qu’ils ont été soumis à des tortures physiques et psychologiques et à des pressions pour qu’ils avouent, mais ne se sont pas ouverts sur les détails en raison de la présence de leurs mères. Cependant, au tribunal, Jaafar a déclaré à l’avocat qu’il avait été torturé et menacé de faire venir un membre de sa famille pour les torturer et faire pression sur eux. Jaafar a été transféré à l’hôpital pendant dix jours en raison des tortures qu’il a subies. De même, Sadeq a raconté à ses parents qu’il a été giflé et menacé lorsqu’il a refusé de signer le rapport d’inculpation et qu’il a été menacé d’être à nouveau placé à l’isolement.
Le 31 mai 2016, la quatrième Haute Cour pénale bahreïnienne avait déjà condamné Sadeq et Jaafar à Bahreïn à la prison à vie et à une amende de 200 000 dinars bahreïniens, pour le même incident que celui pour lequel ils ont été condamnés en Arabie saoudite, pour les motifs suivants : fondation et adhésion à un groupe terroriste, et possession, acquisition et fabrication d’explosifs (Dar Kulaib) et formation à l’utilisation d’armes et de matériaux explosifs. En Arabie saoudite, le ministère public les a accusés d’avoir rejoint une cellule terroriste, d’avoir fait de la contrebande de matériaux explosifs et d’avoir trompé les autorités saoudiennes chargées de l’enquête, et le tribunal pénal spécialisé saoudien les a condamnés à mort le 7 octobre 2021. Le 11 janvier 2022, la cour d’appel a confirmé la condamnation à mort. Sadeq et Jaafar ont donc eu la possibilité de faire appel du jugement devant la Cour suprême saoudienne dans un délai n’excédant pas un mois.
Pendant la période d’interrogatoire, les autorités saoudiennes n’ont pas autorisé leur avocat à rencontrer Sadeq et Jaafar. Ils n’ont pas eu suffisamment de temps pour se préparer correctement au procès et n’ont pas été autorisés à présenter des preuves.
Par conséquent, ADHRB appelle les autorités saoudiennes à annuler leur condamnation à mort et à coordonner leur retour à Bahreïn avec les autorités bahreïniennes compétentes. ADHRB exhorte également les autorités saoudiennes à enquêter sur les allégations de torture afin que les auteurs de ces actes soient tenus responsables.