Americans for Democracy and Human Rights in Bahrain (ADHRB) et Reporters sans frontières (RSF) demandent la libération urgente d’Abduljalil Al-Singace, un blogueur emprisonné depuis dix ans et demi à Bahreïn, en grève de la faim depuis près de trois mois pour protester contre le traitement qu’il reçoit en prison.
Âgé de 59 ans et condamné à perpétuité, Al-Singace est en grève de la faim depuis le 8 juillet et a perdu plus de 20 kilos. Sa santé est désormais en grand danger.
RSF a appris qu’il ne consomme actuellement que de l’eau et du lait en poudre dissous dans de l’eau. En conséquence, son taux de sucre dans le sang est dangereusement bas, et sa tension artérielle et son taux de globules blancs ont également chuté de manière drastique. Il a été transféré au centre médical de Kanoo le 30 juillet.
Al-Singace proteste contre le harcèlement constant de ses gardiens de prison, qui écoutent ses appels téléphoniques avec sa famille, coupent souvent sa ligne téléphonique sans aucun avertissement, le surveillent constamment dans sa cellule et l’empêchent de dormir.
Le travail de recherche qu’il effectuait en prison lui a également été confisqué sans aucune justification. En 2015, il a fait une grève de la faim pendant plus de 300 jours pour protester contre la façon dont il était maltraité.
En mars, à l’occasion du dixième anniversaire de son arrestation, RSF a demandé aux autorités de le libérer car son état de santé n’a cessé de se détériorer en prison. Il ne reçoit pas les soins médicaux appropriés pour des problèmes musculaires qui sont le résultat d’une attaque de polio dans sa jeunesse, et il a des difficultés à marcher parce que les coussins en caoutchouc de ses béquilles sont usés.
Dans une réponse écrite à RSF, le gouvernement bahreïni a affirmé qu’Al-Singace recevait « tous les soins et traitements nécessaires » et qu’il était « fier de son bilan en matière de droits humains ».
« Nous appelons les autorités bahreïnies à libérer de toute urgence Abduljalil Al-Singace au nom des droits humains que le royaume prétend protéger », a déclaré Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF. « Il est déplorable et inacceptable que, pour dénoncer ses conditions de détention, ce blogueur soit contraint de recourir à cette méthode extrême qui met sa santé en grand danger. »
Le directeur exécutif d’ADHRB, Husain Abdulla, a exhorté la communauté internationale, en particulier les alliés de Bahreïn tels que la France et le Royaume-Uni, à « exercer de sérieuses pressions sur le régime bahreïni pour qu’il libère sans condition le Dr Al-Singace. » Il a ajouté que « le fait d’être détenu depuis plus de 10 ans montre la profondeur de l’oppression à Bahreïn. »
Cinq députés britanniques ont écrit à leur gouvernement en juillet pour lui demander d’intervenir de toute urgence.
Bahreïn est classé 169e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2021 de RSF.