Le 30 août 2021, Sandra Marsaud et Éric Girardin, députés français, ont attiré l’attention du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur la détérioration de la situation des droits humains au Bahreïn. Mme Marsaud et M. Girardin sont tous deux membres de l’Assemblée nationale française, et représentent La République En Marche depuis 2017. M. Girardin est également membre de la commission des affaires étrangères.
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Dans sa déclaration, Mme Marsaud a fait spécifiquement référence au nombre croissant de rapports publiés par des observateurs internationaux sur le Royaume de Bahreïn, ainsi qu’à l’accès toujours restreint des organisations de défense des droits humains dans le pays, notamment Human Rights Watch et Amnesty International. Mme Marsaud a condamné la répression des militants politiques et des défenseurs des droits humains, ainsi que les atteintes à la liberté de mouvement, la privation de citoyenneté et la torture en détention. Elle a explicitement attiré l’attention sur le manque d’accès aux soins de santé essentiels, malgré l’épidémie de COVID-19 dans les prisons de Bahreïn. Au vu de ces sujets préoccupants, Mme Marsaud a interrogé le Ministre des affaires étrangères sur les initiatives diplomatiques prises par la France pour mettre fin à ces persécutions de la part des autorités bahreïnies dans le pays.
Dans sa déclaration, M. Girardin a renforcé ces préoccupations en évoquant la privation arbitraire des libertés civiles à Bahreïn, notamment à l’égard des leaders de l’opposition, des journalistes et des syndicalistes. M. Girardin a dénoncé la répression de ces acteurs importants de la société civile pour avoir exigé le respect des droits humains dans le pays, et le risque continu pour les familles de ceux qui poursuivent leur activisme en exil. Une attention particulière a été portée aux cas du défenseur des droits humains Dr Abduljalil Al-Singace, et du leader de l’opposition politique Hassan Mushaima, qui sont des exemples de ceux subissant des représailles pour avoir demandé un changement dans le Royaume. M. Girardin a également souligné le travail d’Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain (ADHRB), qui ont documenté des milliers de cas de torture en prison, donnant ainsi la parole à ceux qui subissent des mauvais traitements de la part des autorités pénitentiaires. En conséquence, M. Girardin a déclaré que la France doit exiger la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d’opinion détenus pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, et a exhorté le Ministre des Affaires étrangères à prendre des mesures à cet égard.
Hassan Mushaima a récemment été transféré à l’hôpital à la suite d’une rapide détérioration de son état de santé, après que les autorités ont manqué à plusieurs reprises de lui fournir des soins de santé adéquats en prison. Il continue de se voir refuser des médicaments et des traitements de base, ce qui entraîne des effets irréversibles sur sa santé. En outre, le Dr Abduljalil Al-Singace fait une grève de la faim depuis le 8 juillet 2021, pour protester contre les mauvais traitements qu’il subit en prison et la confiscation de ses écrits sur lesquels il a travaillé pendant quatre ans. Bien qu’il rentre dans sa huitième semaine de la grève de la faim, les autorités continuent de lui refuser ses libertés fondamentales et d’ignorer ses demandes de respect de ses droits humains. Les soins médicaux négligents prodigués à Hassan Mushaima et au Dr Abduljalil Al-Singace constituent un nouvel exemple de la persécution des défenseurs des droits humains et des dirigeants de l’opposition par Bahreïn, ainsi que, plus largement, du traitement épouvantable réservé aux prisonniers de conscience.
Les inquiétudes soulevées par Mme Marsaud et M. Girardin s’ajoutent à la pression croissante au sein du Parlement français afin de répondre aux violations systématiques des droits humains par Bahreïn. Le 17 août 2021, le député français Xavier Paluszkiewicz a remis en question la position du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères concernant la restriction des libertés fondamentales à Bahreïn, en attirant aussi explicitement l’attention sur les cas de Hassan Mushaima et du Dr Abduljalil Al-Singace. M. Paluszkiewicz a demandé au Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de faire connaître la position de la France concernant le non-respect persistant des engagements internationaux par Bahreïn et d’informer le Parlement des mesures diplomatiques possibles pour remédier à ce comportement.
Cette inquiétude croissante des parlementaires français accompagne également les demandes de la députée guadeloupéenne Justine Benin, qui a également mis en doute l’engagement du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères à garantir le respect de la dignité humaine et des libertés politiques à Bahreïn. Mme Benin a également fait spécifiquement référence aux cas de Hassan Mushaima et du Dr. Abduljalil Al-Singace, dépeignant l’attention internationale portée au sort de ces deux figures des droits de l’homme.
Le gouvernement français a été interpellé à plusieurs reprises pour son manque d’action à l’égard des violations des droits humains à Bahreïn, quatre députés ayant désormais critiqué la répression des droits civils et politiques dans le royaume. Ce changement significatif parmi les politiciens français est un pas dans la bonne direction pour les relations étrangères du pays avec Bahreïn, dans ce qui pourrait faire partie d’un mouvement plus large de dénonciation des gouvernements qui ne respectent pas leurs obligations internationales.
Les attaques incessantes de Bahreïn contre la liberté d’expression ont également été une source importante de préoccupation au sein de la communauté internationale, après que des observations récentes faites par le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), ainsi que par d’autres grands groupes de défense des droits humains, aient alerté la communauté internationale sur la situation désastreuse des droits humains à Bahreïn. Néanmoins, les forces de sécurité bahreïnies ont continué à détenir et à maltraiter régulièrement les détracteurs du gouvernement, les journalistes, les militants et les chefs religieux, les soumettant à des brutalités policières, à de longues peines de prison et à des dénaturalisations arbitraires. En conséquence, le gouvernement détient actuellement environ 4 000 prisonniers politiques et continue d’incarcérer des personnes sur la base d’accusations liées uniquement à la liberté d’expression, de réunion et d’association.
La pression croissante exercée sur le Ministre français des affaires étrangères est le signe d’un changement très net de rhétorique parmi les députés français, et d’une demande croissante de changement dans les relations du pays avec Bahreïn. Il est à espérer que les actions entreprises par ces députés aboutiront à un changement concret de la politique étrangère du pays et inciteront la communauté internationale à prendre des mesures similaires pour dénoncer la violation systématique des libertés fondamentales au sein du Royaume de Bahreïn.