Hasan Ali Shahdad AlBalooshi était un étudiant de 18 ans lorsque les autorités bahreïnies l’ont arrêté à son domicile en avril 2013. Depuis son arrestation, Hasan a souffert physiquement et psychologiquement en subissant des actes de torture, des mauvais traitements et des attaques contre ses convictions religieuses. Il est toujours détenu à la prison de Jau, où il purge sa peine de 15 ans.
Le 23 avril 2013, des agents en civil et des policiers anti-émeute ont encerclé la maison familiale de Hasan à Isa Town, ont enfoncé la porte d’entrée principale et ont effectué une descente dans la maison. Sans présenter de mandat d’arrêt ou de motif, ils ont arrêté Hasan ainsi que son cousin, Mortada Abdelhadi, qui se trouvait avec eux à ce moment-là. Après l’arrestation, Hasan a été victime d’une disparition forcée pendant cinq jours; sa famille ne disposait d’aucune information indiquant son sort ou sa localisation.
Pendant ces cinq jours de disparition, Hasan s’est retrouvé au Département Central d’Investigation d’Adliya où des officiers de police judiciaire l’ont interrogé sans avocat. Les agents ont torturé Hasan afin de lui extorquer des aveux; ils l’ont sévèrement battu et frappé à coups de pied, l’ont insulté et attaqué sa secte religieuse, l’ont suspendu par les jambes et lui ont arraché un ongle qui avait été endommagé et qui se détachait légèrement. Une fois l’interrogatoire terminé, la famille de Hasan a reçu les vêtements qu’il portait au moment de son arrestation et a signalé qu’ils étaient couverts de sang. La famille de Hasan n’a pu lui rendre visite que 22 jours après son arrestation, le 15 mai 2013. Lors de leur visite à la prison de Jau, ils ont remarqué des signes de coups et de torture sur son visage, à savoir des gonflements près de ses yeux et de son nez.
Au total, deux affaires ont été invoquées contre Hasan: le 4 mars 2014, il a été reconnu coupable d’incendie criminel d’une voiture près du rond-point 18 à Hamad Town, et a été condamné à 5 ans de prison. Le 25 mars 2014, il a été reconnu coupable d’avoir fait exploser une bouteille de gaz sur le rond-point 17 et a été condamné à 10 ans, ce qui aboutit à une peine totale de 15 ans à la prison de Jau. Le 23 juin 2014, le jugement de Hasan a été confirmé par la Cour d’appel.
Depuis son arrivée à la prison de Jau, Hasan a subi des mauvais traitements et des humiliations de la part des autorités pénitentiaires. Le 10 mars 2014, Hasan et ses compagnons de cellule ont tous été, pour des raisons peu claires, soumis à une punition collective et à la torture. Les prisonniers avaient l’interdiction de prier et d’aller aux toilettes. Si l’un des détenus se rendait aux toilettes, les agents rassemblaient tous les autres détenus en ligne , les battaient et leur donnaient des coups de pied jusqu’à ce que ce détenu atteigne les toilettes, et la même chose se produisait sur le chemin du retour après que le détenu soit sorti des toilettes. En raison de la négligence et du traitement inhumain, Hasan a souffert de douleurs aux dents et de lésions aux gencives. Ses lunettes ont été cassées, et sa déficience visuelle s’est aggravée. Tout au long de son séjour à la prison de Jau, Hasan n’a été autorisé à faire contrôler ses yeux et à faire ajuster ses lunettes qu’une seule fois, un an après son arrestation, en 2014.
Le mauvais état de santé et le bien-être de Hasan ont encore été exacerbés par la pandémie de COVID-19 et l’apparition du virus à l’intérieur de la prison. Les visites familiales ont été suspendues et remplacées par des appels vidéo irréguliers et brefs qui ne durent souvent pas plus de 10 minutes et qui sont constamment surveillés. Le 20 mars 2021, la famille de Hasan a reçu un appel de la famille d’un autre prisonnier, Sadeq Abdali AlAsfoor, qui les a informés que les prisonniers avaient subi des tests COVID-19 et que leurs résultats pouvaient être consultés sur le site Internet du Ministère de la Santé. Lorsque la famille a consulté le site, les résultats de Hasan ont indiqué qu’il était positif au COVID-19.
Après l’annonce de l’épidémie de virus dans la prison de Jau, tout contact avec Hasan a été interrompu, et le dernier appel de sa famille a eu lieu le 21 mars 2021. L’appel suivant qu’il a pu passer date du 5 avril 2021 et visait à les informer qu’il avait été transféré dans le bâtiment 18.Celui-cil était très court et Hasan toussait. Sa famille a eu l’impression qu’il n’était pas à l’aise pendant la conversation téléphonique, ce qui indique qu’il était probablement sous surveillance. Le 9 avril 2021, Hasan a passé un appel vidéo avec sa famille, et il leur a dit qu’il avait guéri et avait été transféré à nouveau dans le bâtiment 20. Entre ces deux communications Hasan a été emmené au quartier d’isolement de Hidd où il est resté deux jours. Il était très mal à l’aise pendant son séjour car il devait attendre longtemps pour aller aux toilettes, il n’a pas reçu de soins médicaux appropriés, les portions de repas n’étaient pas suffisantes, les autorités n’ont pas fourni de boissons chaudes, ni de masques ou de gants, et les prisonniers n’étaient pas autorisés à sortir pour prendre l’air.
Les autorités bahreïnies ont arrêté Hasan alors qu’il n’avait que 18 ans, sans présenter de mandat d’arrêt. Elles l’ont torturé pour le faire avouer, ont attaqué ses croyances religieuses et l’ont privé de la possibilité de consulter son avocat et de recevoir des soins médicaux. En outre, la négligence des autorités et leur incapacité à contenir l’épidémie de COVID-19 ont conduit Hasan à contracter le virus, pour lequel il n’a reçu par la suite que des soins médicaux minimaux. Toutes ces actions constituent des violations des obligations du Bahreïn en vertu de la Constitution Bahreïnie et du droit international, à savoir la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (CCT) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). ADHRB exhorte le Bahreïn à accorder à Hasan un nouveau procès équitable qui respecte les normes internationales en matière de justice et de preuves, à enquêter sur les allégations de torture en vue d’obliger les auteurs à rendre des comptes, et à respecter les normes de base en matière d’hygiène et d’assainissement afin d’éviter que la situation ne s’aggrave davantage.