Suivant l’initiative lancée par ADHRB aux côtés de la députée française Frédérique Dumas, 15 autres députés de l’Assemblée Nationale, ont soutenu une lettre adressée à l’Ambassadeur de France à Bahreïn. Cette lettre l’alerte sur les conditions déplorables auxquelles sont confrontés les détenus, et en particulier les prisonniers d’opinion.
La lettre complète peut être lue ici [Eng / official Fr]
La députée Dumas et ses collègues exposent la réalité des « peines alternatives » saluées par l’ambassadeur de France, M. Jérôme Cauchard, à la fin du mois de mars. Le programme de peines alternatives permet au gouvernement bahreïni d’étouffer davantage l’opposition politique. En effet, il prétend à la libération totale des prisonniers d’opinion détenus. Mais en réalité, ces détenus sont assignés à résidence de manière arbitraire et sont ainsi empêchés d’exercer leurs droits les plus fondamentaux. C’est par exemple le cas de Nabeel Rajab, un éminent défenseur des droits humains et président du Bahrain Center for Human Rights. Il a également fait partie du mouvement pro-démocratie en 2011. Pour ces raisons, il a été ciblé, harcelé et emprisonné à plusieurs reprises. Il fait actuellement l’objet de peines alternatives.
En outre, les 16 députés condamnent le traitement des prisonniers d’opinion qui continuent d’être détenus et torturés dans des centres carcéraux. L’exemple le plus récent de ces conditions horribles est l’attaque perpétrée par les autorités pénitentiaires, dans la prison de Jaw, le 17 avril, et qui a conduit à la disparition forcée de 70 prisonniers
Les députés de l’Assemblée Nationale font part des informations fournies par les experts internationaux, des membres du Bureau de ADHRB et de leurs sources. Ils dénoncent les violations de nombreux traités internationaux comme la Convention contre la Torture et les Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus (Règles Mandela).
Cette lettre met en avant la détérioration de la situation sanitaire due à la pandémie de COVID-19. En premier lieu, le Ministère de l’Intérieur bahreïni est extrêmement vague sur le nombre de prisonniers infectés et mis en danger par le virus. Dans un second temps, les membres du Parlement sont alarmés par les rapports qui détaillent les conditions sanitaires dans les prisons et l’usage de mesures comme “un enfermement en cellule 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, avec un seul repas par jour, et l’absence de soins médicaux appropriés”
Les députés appellent l’Ambassadeur à discuter avec les autorités :
“ La France doit avoir un véritable dialogue avec les autorités bahreïnies, et ce dialogue doit pouvoir se faire localement. Aussi, Monsieur l’Ambassadeur, je souhaiterais savoir si vous avez pu avoir un dialogue apaisé mais ferme avec les autorités locales bahreïnies concernant la question des conditions de détention des prisonniers en période de pandémie mondiale. Je souhaitais également savoir si vous avez pu obtenir des informations sur les événements du 17 avril 2021 dans la prison de Jaw lors de votre récente visite à l’invitation du Ministère de l’Intérieur bahreïni du bâtiment 21 tout récemment construit. Pour ma part, je suis particulièrement inquiète des différents rapports signalant la disparition depuis cette date de près de 70 détenus. ”
Husain Abdulla, Directeur Exécutif de Americans or Democracy and Human Rights (ADHRB), a commenté: “Étant donné la situation actuelle des centres carcéraux bahreïnis et la souffrance endurée spécialement par les prisonniers de conscience, cette lettre devrait assurer que les préoccupations en termes de droits humains ne soient pas éconduites au cours des futurs échanges entre les représentants français et bahreïnis. Les droits humains sont le fondement de la démocratie française; les ambassadeurs se doivent de sauvegarder ces valeurs et de les aborder publiquement auprès d’États abusifs.”