Sami Jaafar Abbas AlShaikh était un étudiant et comptable de 21 ans quand il fut arrêté par les autorités pendant une embuscade à Ma’ameer en Janvier 2019, puis une nouvelle fois en Décembre 2019. Dans les deux cas, les condamnations de Sami étaient fondées sur des preuves insuffisantes et de fausses confessions obtenues par la torture. Depuis son arrestation, la santé de Sami s’est gravement détériorée, notamment suite à sa contamination par le Covid-19 et les négligences médicales ultérieures de la part des autorités de la prison. Il est actuellement détenu à la prison de Jau.
Le 29 Janvier 2019, des officiers en civil et la police anti-émeute ont entouré et arrêté Sami dans la zone industrielle de Ma’ameer. Ils n’ont pas présenté de mandat d’arrêt, ni donné aucune raison pour cette arrestation. Dès l’instant de son arrestation, des officiers ont battu et torturé Sami, passant de la caserne de pompiers, aux bureaux de la Défense civile, et jusqu’à enfin atteindre la direction des enquêtes criminelles (CID). Sami est arrivé au CID presque complètement nu, ses vêtements ayant été déchirés par les coups dont il avait fait l’objet.
Durant les deux premiers jours de son arrestation, Sami était détenu au secret, les autorités refusant de communiquer sa localisation à sa famille et l’empêchant de les contacter. Pendant 14 jours après son arrestation, les officiers du CID ont interrogé Sami sans la présence d’un avocat, et l’ont torturé afin d’obtenir ses aveux. Les officiers l’ont frappé, battu et rué de coups dans des parties corporelles sensibles. Ils l’ont aussi obligé à rester debout durant de longues heures, et l’ont menacé d’attaquer sa femme s’il niait les charges avancées contre lui par le bureau du procureur (PPO). Sami a fini par avouer lorsque les officiers l’ont menacé d’amener sa femme.
Sami n’a pas été autorisé à voir sa famille avant un mois après son arrestation et le 14 Avril 2019, il a été inculpé pour avoir hébergé des individus recherchés pour des raisons politiques. Il a été condamné à un an de prison. Cependant, il a été relâché avant la fin de sa peine, le 15 May 2019, l’exécution de son jugement ayant été suspendue.
Presque sept mois plus tard, le 4 Décembre 2019, à 14h00, Sami a reçu une convocation l’accusant d’être en cavale et le notifiant qu’il serait auditionné par la cour ce même jour à 10h00. Il n’a pu y assister, la convocation étant arrivée trop tard. Plus tard, il a reçu une autre convocation pour une audition le 15 Décembre 2019. Durant cette audition, Sami a été accusé d’incendie criminel, de rassemblement illégal et violent, et de possession de cocktails Molotov. Ce même jour, le Ministère de la Justice et des Affaires Islamiques a émis un mandat d’arrêt et Sami fut emmené en détention provisoire, directement depuis la cour. Deux mois plus tard environ, il a été condamné à trois ans
de prison à Jau. Il fut emprisonné, bien que le détenu qui avait donné le nom de Sami ait révélé qu’il avait subi des pressions de la part des autorités, et malgré le fait que Sami ait présenté un certificat médical prouvant qu’au moment des crimes supposés, il était confiné chez lui à cause d’une opération pour une blessure aux ligaments. Sami a été autorisé à voir sa famille 14 jours après sa seconde arrestation.
Le 23 Mars 2021, la femme de Sami a reçu un appel d’un employé de la santé publique l’informant que Sami avait été testé positif au Covid-19 et, apparemment ignorant qu’il était un prisonnier, il lui a demandé avec qui Sami avait été en contact. L’employé a raccroché directement après que la femme de Sami lui ai répondu qu’il était prisonnier. Suivant cette annonce, la femme de Sami a appelé l’administration de la prison à plusieurs reprises afin d’obtenir des nouvelles de son mari. Cependant, l’employé dans un premier temps nia l’infection de Sami, puis lui dit qu’il était mort et que le Ministère de la Santé l’appellerait pour l’en informer. Par la suite, l’administration a arrêté de répondre aux appels de la famille, qui ne pouvait désormais obtenir des informations qu’à travers le Ministère de la Santé.
La famille de Sami fut d’abord autorisée à l’appeler cinq jours après la découverte de sa contamination, durant quatre minutes et sous surveillance. Il les a informés qu’il était en isolement médical et qu’il partageait sa cellule avec sept autres prisonniers. Le seul médicament qu’ils recevaient était du Panadol, et ils n’étaient pas autorisés à se rendre dans la cour extérieure. Ils devaient rester dans leur chambre 24 heures par jour. Avant la propagation du Covid-19 dans la prison de Jau, les prisonniers n’avaient reçu ni masques, ni aucun produit sanitaire à part du savon. Le 6 Avril 2021, Sami a appelé sa famille et les a informé que la police ayant perdu sa carte bancaire, il n’avait donc pas pu acheter et changer ses vêtements durant plus d’une semaine.
A l’occasion d’un autre appel le 16 Avril 2021, Sami a expliqué à sa famille que ses vêtements n’avaient toujours pas été changés. En d’autres termes, il portait les mêmes vêtements depuis 26 jours. Sami a rapporté avoir développé des signes d’allergies et de maladies de peau. Durant le dernier appel qu’ils ont eu avec lui le 23 Avril 2021, Sami a raconté à sa famille que durant les dernières 24 heures la climatisation de sa cellule était si faible qu’il présentait des difficultés à respirer et que, malgré ses plaintes auprès d’un officier, aucune action n’avait été prise. Bien qu’on lui ait donné une nouvelle carte bancaire, le 30 Avril il n’avait toujours pas reçu de nouveaux vêtements.
Les actions des autorités bahreinies à l’encontre de Sami, depuis son arrestation, la torture et les aveux forcés, jusqu’à la privation de son droit à un jugement équitable, mais aussi le manque de considération pour les besoins hygiéniques et médicaux en prison, constituent des violations des obligations du Bahrain au regard des lois internationales. Le Bahrain ne rempli pas ses engagements notamment concernant la Convention contre la Torture, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Declaration universelle des droits de l’homme. ADHRB appel
les autorités bahreïnies abandonner toutes les condamnations pour cause de procès inéquitable, à organiser un autre procès pour Sami dans le respect de la justice internationale, à enquêter sur les allégations de torture et de traitements inhumains, et à tenir pour responsable le personnel pénitentiaire. De plus, ADHRB exhorte les autorités à fournir à Sami des services médicaux et de santé adéquats, ainsi qu’à respecter les standards d’hygiène.