Mazen Mansoor AlWanna était un courtier en assurance de 35 ans lorsqu’il a été arrêté dans un raid à son domicile en janvier 2013. Torturé pour passer aux aveux et forcé de signer des papiers sans en connaître le contenu, Mazen a été condamné avec sept autres personnes dans une affaire de terrorisme connue sous le nom de « la Cellule de l’Armée de l’Imam ». À la prison de Jau, la santé de Mazen s’est détériorée car il n’a pas reçu de traitement approprié pour des conditions médicales préexistantes et il a depuis contracté la COVID-19.
Le 26 janvier 2013, à 1h30 du matin, Mazen et sa famille ont été réveillés par un coup violent sur la porte et plus de 30 officiers masqués et en civil, ainsi que des officiers du Ministère de l’Intérieur, dont des policiers anti-émeute, des officiers de la police de sécurité et des officiers du CID (Criminal Investigations Directorate). Ils ont fait irruption au domicile familial de Mazen et l’ont fouillé sans présenter de mandat de perquisition ou d’arrêt, et sans préciser le motif de l’arrestation. Les forces de l’ordre étaient également accompagnées d’un photographe qui a filmé toute la procédure. Après avoir confisqué divers appareils électroniques, les agents ont emmené Mazen dans un bus à l’extérieur de la maison, garé parmi les 50 à 60 autres voitures de police entourant le quartier. Les agents lui ont bandé les yeux et lui ont passé les menottes.
Pendant les cinq premiers jours de son arrestation, la famille de Mazen n’a pas su où il se trouvait ni ce qui lui était arrivé, jusqu’à ce qu’il les appelle pendant cinq minutes le 31 janvier 2013 pour leur assurer qu’il allait bien. Mazen a été interrogé sans avocat et torturé pour obtenir des aveux. Les enquêteurs du CID d’Adliya l’ont harcelé sexuellement, l’ont électrocuté, l’ont battu, l’ont maintenu dans une pièce froide et l’ont forcé à rester debout pendant deux jours entiers. Ils ont également forcé Mazen à signer des papiers sans en connaître le contenu, sous la menace d’agresser sa femme.
La famille de Mazen a été autorisée à lui rendre visite le 2 février 2013, mais en raison d’un malentendu sur le lieu de la visite, sa famille a manqué le rendez-vous et n’a pu le voir que 10 minutes. Durant la visite, Mazen n’a pas pu parler librement car une caméra de surveillance était braquée sur lui, et un gardien de prison se tenait à la porte. Il a finalement pu rencontrer son avocat un mois et demi après son arrestation, le 12 mars 2013.
Mazen a été inculpé et condamné le 12 juin 2014 dans une affaire connue sous le nom de « Cellule de l’Armée de l’Imam ». Il a été accusé 1) d’avoir rejoint un groupe illégal, 2) d’avoir réuni des fonds pour se livrer à des activités terroristes et 3) de s’être entraîné à utiliser des armes en vue de commettre des crimes terroristes. Il a été condamné à une peine totale de 15 ans à la prison de Jau.
Avant son arrestation, Mazen souffrait d’antécédents médicaux, à savoir un problème de disque invertébral et une constipation chronique, qui se sont aggravés pendant son séjour à la prison de Jau car il n’a pas été conduit régulièrement à ses rendez-vous chez le médecin pour son disque,
et a reçu des médicaments inefficaces pour son problème de constipation. De plus, pendant son incarcération, Mazen s’est cassé la jambe mais n’a jamais été traité par un médecin orthopédiste. Il a aussi commencé à développer des glandes sur le dos et la poitrine, mais n’en connaît toujours pas la cause ni la nature, en raison du manque d’accès à des soins de santé. Après avoir été torturé le 10 mars 2017, Mazen a signalé la présence de sang dans ses urines. Il a également développé une pression artérielle élevée et une mauvaise vue depuis son arrivée à la prison de Jau.
Ces derniers mois, Mazen a été victime de l’épidémie de COVID-19 à l’intérieur de la prison, contractant le virus le 27 mars 2021. Il a alors été transféré dans un autre bâtiment, puis dans un quartier d’isolement à Al-Hidd où les conditions d’hygiène et de soins étaient, selon lui, pires qu’à la prison de Jau. À Al-Hidd, aucune mesure d’hygiène préventive n’était prise, Mazen était enfermé dans sa cellule 24 heures sur 24 et n’était pas autorisé à sortir dans la cour. En outre, il n’a reçu ni médicaments, ni nourriture, ni boissons susceptibles de l’aider à se rétablir, et le personnel médical ne surveillait pas la température des prisonniers ni leur taux d’oxygène. Le contact avec sa famille a été complètement coupé pendant son séjour en isolement, et le seul moyen pour celle-ci d’être informée de son état de santé était de consulter les résultats des tests publiés sur le site Internet du Ministère de la Santé. Ce n’est qu’après sa guérison et son retour à la prison de Jau que Mazen a pu contacter sa famille. Cette situation a eu des conséquences néfastes sur la santé physique et psychologique déjà épuisée de Mazen, qui continue de recevoir des soins et des traitements qui ne sont pas optimaux.
Les actions des autorités bahreïnies à l’encontre de Mazen, depuis son arrestation injustifiée, sa torture et ses aveux forcés, jusqu’à la privation d’un procès équitable et l’absence d’assistance médicale et de traitements adéquats en prison, constituent autant de violations des obligations du Bahreïn en vertu du droit international, à savoir la Convention Contre la Torture (CCT), le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP) et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH). ADHRB appelle les autorités bahreïnies à accorder à Mazen un nouveau procès respectant les normes internationales en matière de preuve et de procédure régulière et à enquêter sur les allégations de torture et de traitement inhumain afin de tenir pour responsables le personnel pénitentiaire . En outre, ADHRB exhorte les autorités à respecter les normes fondamentales d’hygiène et de salubrité et à fournir à Mazen des soins médicaux et sanitaires appropriés ,afin de le soulager de ses douleurs et d’empêcher que son état de santé ne s’aggrave.