Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain (ADHRB) a soumis une déclaration écrite au Conseil des droits de l’homme lors de sa 46ème session concernant les violations environnementales commises par le gouvernement de Bahreïn. Continuez la lecture ci-dessous pour le texte complet de la déclaration, ou cliquez ici pour la déclaration en PDF.
Violations environnementales commises par le gouvernement de Bahreïn
Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain (ADHRB) se félicite de l’opportunité offerte par la 46e session du Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations unies (NU) d’attirer l’attention sur les violations continues sur le climat commises par le gouvernement de Bahreïn, qui ont un impact négatif sur l’environnement local, en particulier sur les zones côtières.
L’environnement local de Bahreïn
Bahreïn se trouve au cœur du Golfe Arabique. C’est un archipel de 33 îles naturelles et de 51 îles artificielles. Il comprend une superficie totale de 765 km².
L’île la plus grande est Manama, la capitale, et regroupe environ 85% du total de la masse terrestre du pays. Manama se compose principalement de terrains rocheux et nus, à l’exception d’une étroite bande fertile située le long des côtes nord et nord-ouest de l’île.
Bahreïn a une population d’environ 1.5 millions et est particulièrement vulnérable aux déchets plastiques.Les eaux de Bahreïn sont historiquement connues pour la richesse de leur faune et de leur flore et abritent plus de 200 espèces de poissons différentes. La pêche, en particulier la pêche aux perles, joue un rôle important dans l’histoire de Bahreïn, car elle a été le principal moyen de subsistance du peuple bahreïni pendant des siècles. La mer est si importante pour l’identité et la culture bahreïnie que son nom signifie deux mers en arabe en hommage à son patrimoine naturel composé de sources d’eau douce et d’eau de mer salée.
Effets des politiques du gouvernement de Bahreïn sur l’environnement
En 2003, le gouvernement bahreïni a adopté la Vision économique de Bahreïn 2030, qui sert de plan de développement social et économique pour le pays. Son objectif principal est de transformer l’économie bahreïnie pour garantir la durabilité, la diversité et la justice. Ce plan de développement est lié aux Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.
Effets de l’urbanisation rapide
Au cours des dernières décennies, le Bahreïn a connu un important essor urbain. Cette urbanisation recouvre la construction de marchés de logements, de sites de production, de complexes de bureaux, d’infrastructures, etc. Cependant, cette urbanisation rapide n’est pas conçue pour répondre au flux naturel de la population locale. Son objectif est plutôt de tirer profit de l’immobilier et de la politique d’ouverture mise en place pour la main-d’œuvre migrante, qui a conduit à un triplement de la population de Bahreïn en l’espace de deux décennies. Cet important boom urbain a entraîné une augmentation considérable des activités humaines et matérielles qui augmentent considérablement les niveaux de pollution. Cette intensification de la pollution, combinée avec une hausse des températures moyennes et la diminution des pluies saisonnières, a largement contribué à l’érosion de la vie marine locale.
De plus, les effets de la pollution ont des conséquences néfastes sur la population locale de Bahreïn ainsi que sur la vie marine. La zone entourant le village de Ma’ameer à Bahreïn est connue pour son grand complexe industriel qui est chargé de la pétrochimie, de la fusion de l’aluminium et de la production de béton et d’asphalte. Les habitants de la région ont fait état de conséquences néfastes sur leur santé en raison de la pollution hautement toxique à laquelle ils sont exposés dans leurs espaces résidentiels et publics. Les enfants de cette région sont particulièrement touchés par cette pollution: les taux de cancer, les malformations congénitales et la probabilité d’anomalies physiques sont plus élevés à Ma’ameer que dans le reste du pays.
Effets de la remise en état des terres
En outre, depuis les années 1970, mais de plus en plus ces deux dernières décennies, le Bahreïn assiste à une récupération croissante des terres sur la mer. En 1971, la superficie terrestre de Bahreïn était de 650 km², mais en 2019, elle est passée à 780 km². En outre, la Ceinture Verte [Green Belt] entourant Manama n’a cessé de se rétrécir, le gouvernement ne parvenant pas à créer de nouvelles zones vertes pour compenser. Cette situation a provoqué des perturbations importantes dans l’environnement local et a contribué à la détérioration du climat. En plus des niveaux élevés de pollution et de la typographie plate de Bahreïn, le pays risque fort d’être submergé par l’élévation du niveau de la mer. L’un des principaux facteurs de pollution locale au Bahreïn est l’importance des centrales électriques, qui fonctionnent aux hydrocarbures et se trouvent à proximité des zones urbaines.
Des mesures devraient être prises par Bahreïn pour protéger l’environnement
Afin de relever les défis climatiques critiques auxquels le pays est confronté et, dans un effort, de réduire sa consommation de plastique, le gouvernement bahreïni a rejoint la campagne mondiale Clean Seas du Programme des Nations unies pour l’environnement en 2018. En juin 2019, le gouvernement a adopté un arrêté ministériel visant à réglementer et à supprimer progressivement l’utilisation des sacs en plastique dans tout le pays. Cet arrêté vise également à interdire l’importation de sacs non biodégradables, et les phases futures comprennent une interdiction permanente de l’utilisation du plastique dans certains centres commerciaux et supermarchés. Le gouvernement prévoit également d’accroître le recyclage en augmentant le nombre total d’installations de recyclage disponibles afin de réduire les déchets plastiques. Le Conseil suprême de l’environnement, en collaboration avec le ministère de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme, travaille sur des politiques et des directives pour les fournisseurs et fabricants afin de garantir une transition en douceur vers l’abandon du plastique.
Si le gouvernement a pris des mesures constructives pour protéger l’environnement, celles-ci n’ont pas été suffisamment importantes pour mettre fin à la menace du changement climatique. Le Bahreïn n’a présenté aucun plan concret pour passer des hydrocarbures, avec leurs émissions de gaz, à des sources d’énergie renouvelables, bien qu’il soit un candidat parfait pour l’énergie solaire en raison de son climat ensoleillé. Le gouvernement n’a pas non plus réussi à produire de grands projets de plantation pour les zones vertes. En outre, Bahreïn compte une proportion assez élevée de voitures par rapport à sa population et n’a pas réussi à promouvoir l’utilisation de voitures électriques.
Dans un document déposé auprès du Fonds vert pour le climat (FVC) des Nations unies, le Conseil suprême de l’environnement de Bahreïn a déclaré que le pays était “gravement menacé par le changement climatique”. Le document de 104 pages mentionne aussi les menaces auxquelles est confronté le secteur de l’eau du pays, qui sont dues à l’augmentation des températures et à l’augmentation concomitante de la demande en eau, à l’élévation du niveau de la mer qui provoque une intrusion saline dans les aquifères et à l’intensité accrue des précipitations, qui diminue le taux de recharge des aquifères. La façon dont le gouvernement bahreïni traite les défenseurs des droits humains en matière d’environnement est particulièrement préoccupante. Ceux qui tentent de dénoncer activement les effets désastreux du changement climatique sont régulièrement persécutés par des représentants du gouvernement, ce qui les prive de leur droit à la liberté d’expression. La protection des défenseurs des droits humains, y compris en matière d’environnement, reste un sujet de préoccupation majeur à Bahreïn. Il est peu probable que cela change tant que le gouvernement insistera pour cibler, arrêter et même tuer des militants en raison de leurs activités humanitaires.
Conclusion et recommandations
En tant que membre du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, il est impératif que le Bahreïn soit tenu à des normes élevées en ce qui concerne ses engagements en matière de droits humains, qui sont inextricablement liés à la protection de l’environnement. L’incapacité du
gouvernement bahreïni à protéger l’environnement de manière adéquate, ses politiques économiques et de développement et la persécution des défenseurs des droits humains en matière d’environnement sont profondément préoccupantes. Malgré les mesures nominales visant à protéger l’environnement par l’interdiction du plastique, ces mesures ne signifient rien si le gouvernement ne prend pas de mesures concrètes pour protéger son environnement.
ADHRB exhorte le gouvernement de Bahreïn à:
● Abandonner immédiatement toutes les charges contre les défenseurs des droits humains environnementaux pris pour cible en raison de leur militantisme et tous les libérer
● Développer davantage d’infrastructures de transport public, telles qu’un métro et un système de bus publics, avec des incitations pour réduire la dépendance aux voitures privées ;
● Promouvoir l’utilisation des voitures électriques pour réduire les émissions de carbone;
● Passer à des sources d’énergie renouvelables, comme l’énergie solaire; et
● Établir des zones vertes et promouvoir des projets de conservation de la nature