3 février 2020 – Aujourd’hui, des centaines de Bahreïnis sont descendus dans la rue pour pleurer Sayed Kadhem Abbas, un ancien prisonnier politique de 24 ans décédé tragiquement d’un cancer en phase terminale suite à une grave négligence médicale lors de sa détention à la prison de Jau entre 2015 et 2018, Bahrain Insitute for Rights and Democracy (BIRD) et Americans for Democracy and Human Rights in Bahrain (ADHRB) ont déclaré aujourd’hui.
Des photos circulant en ligne à la suite de cette mort tragique montrent des centaines de personnes se rassemblant dans les rues du Bahreïn pour pleurer la perte de Kadhem, élevant sa photo au-dessus de leurs têtes et le qualifiant de «martyr».
Sayed Kaldhem était originaire du village d’Al-Sahla et ne souffrait d’aucune maladie connue avant sa détention en 2015. Sayed Khadem a été présenté dans une lettre de septembre 2019 par quatre experts de l’ONU dénonçant le refus de soins médicaux à la prison de Jau, précisant qu’il a souffert pendant trois ans avec de graves problèmes de santé, notamment de graves maux de tête, une incapacité à se tenir debout, des vomissements continus et, enfin, la perte de la vue à la suite d’une opération à l’hôpital des Forces de défense du Bahreïn (BDF).
Sayed Khadhem a été libéré temporairement en juillet 2018 pour des raisons humanitaires.
Husain Abdulla, directeur exécutif de ADHRB, a déclaré: «La mort de ce jeune homme est un rappel tragique que les prisonniers politiques du Bahreïn font face à un refus systématique de traitement médical par les autorités de la prison de Jau. L’ampleur des exactions commises dans la prison du Bahreïn reste dans l’ignorance alors que le Bahreïn continue de refuser l’accès des experts indépendants au pays, y compris les rapporteurs spéciaux de l’ONU.»
Sayed Ahmed Alwadaei, directeur du plaidoyer chez BIRD, a déclaré: «Cette tragédie doit être un appel au réveil pour les alliés du Bahreïn. Sans pression politique, les prisonniers continueront de souffrir et la mort tragique de Kadhem ne sera pas la dernière.»
Réponse du médiateur du ministère de l’Intérieur aux allégations de négligence médicale
En mai 2018, la famille de Sayed Khadem a déposé une plainte auprès du Médiateur du ministère de l’Intérieur, déclarant qu’il «ne recevait pas de traitement et qu’il ne pouvait donc pas assister à son audience en avril 2018». Cependant, selon l’enquête du Médiateur, Sayed Khadem n’a été admis à l’hôpital BDF qu’en juin 2018, deux mois après avoir été contraint de manquer son audience et trois ans après l’apparition de ses symptômes. Lorsqu’il a finalement été examiné à l’hôpital BDF, Sayed Khadem a été «diagnostiqué avec une tumeur à la tête».
La négligence prolongée que Sayed Khadem a endurée avant sa mort est une violation flagrante des règles de Mandela et dénote un refus systémique de soins médicaux dans les prisons bahreïnies, dont des exemples ont été documentés par Amnesty International et Human Rights Watch.