Le 1er mars 2018, lors de la 37e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, ADHRB a prononcé une intervention lors du dialogue interactif groupé sur le point 3 avec l’expert indépendant sur la dette extérieure. Dans l’intervention, ADHRB a fait part de ses inquiétudes quant au fait que d’autres États du CCG, dont l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, soutiennent financièrement Bahreïn en échange d’un soutien bahreïnite pour leur intervention au Yémen, tandis que le Bahreïn utilisait également ce soutien pour réprimer de plus en plus la dissidence dans son pays. Cliquez ici pour un PDF de l’intervention.
Monsieur le Rapporteur,
ADHRB se félicite des conclusions de votre rapport sur l’impact de la dette extérieure sur les États et partage vos préoccupations concernant les effets des obligations financières sur les droits humains, sociaux, économiques et culturels.
Par exemple, nous voyons l’impact négatif de la dette extérieure et de l’austérité au Bahreïn. La diminution des revenus pétroliers a diminué les réserves de change du Bahreïn de 75% et fait courir au pays le risque de devoir dévaluer sa monnaie. Le Bahreïn a sollicité une aide financière des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite voisins, ce qui a rendu l’économie bahreïnite de plus en plus subordonnée aux politiques saoudiennes et émiriennes. Parallèlement à ses difficultés budgétaires de 2017, le Bahreïn a effectué l’un de ses plus gros achats militaires jamais réalisés, représentant environ trois fois son budget annuel de défense. La militarisation élargie a permis au Bahreïn de soutenir les objectifs de politique régionale de ses États débiteurs dans l’intervention saoudienne et émiratie au Yémen, tout en renforçant la répression de la dissidence interne, à un moment où le gouvernement a annulé les subventions et les services pour ses propres citoyens.
Les mesures d’austérité ont un impact disproportionné sur les communautés marginalisées du Bahreïn, la communauté chiite à majorité autochtone souffrant déjà d’un taux de chômage supérieur à la moyenne, d’un manque de logements et de barrières accrues à des soins de santé ou à une éducation adéquats. Parallèlement, Transparency International a classé le Bahreïn au 103e rang mondial pour son indice de corruption 2017 – la note la plus basse de tous les États au Conseil de coopération du Golfe. En fin de compte, les mesures visant à remédier à l’instabilité financière croissante du Bahreïn ont eu un impact direct sur les souffrances et les difficultés accrues pour la majorité de sa population, tandis que les obligations accrues du Bahreïn envers les politiques des Émirats arabes unis et saoudiens ont été au détriment des populations de la région.
À la lumière des obligations financières, des droits de l’homme et humanitaires complexes d’États comme le Bahreïn, quelles mesures recommandez-vous de prendre pour restructurer et réformer les politiques des États, tout en veillant à ce que les droits de l’homme et les impacts humanitaires soient prioritaires, y compris des protections particulières pour les communautés marginalisées ?
Je vous remercie.