Chère Mme Mogherini,
Nous vous écrivons pour vous exhorter à agir face à la détérioration de la situation des droits de l’homme au Bahreïn, en particulier l’emprisonnement continu des défenseurs des droits de l’homme et des politiciens de l’opposition. Nous vous demandons de persister à vous engager avec le gouvernement bahreïni afin d’obtenir leur libération.
Une préoccupation particulière a été soulevée concernant les conditions des militants politiques Dr Abdujalil al-Singace et Hassan Mushaima, qui sont emprisonnés depuis 2011. Le Dr Singace a été soumis à la torture, à des mauvais traitements et à l’isolement. Tous deux souffrent d’une détérioration de leur état de santé et se sont vu refuser l’accès aux soins médicaux.
Entre-temps, l’éminent défenseur des droits humains et prisonnier d’opinion Nabeel Rajab, toujours en prison après une longue période d’isolement cellulaire, a dû être transporté à l’hôpital pour la troisième fois avec des battements de cœur irréguliers. Il a été jugé pour des commentaires pacifiques qu’il a publiés sur Twitter et risque jusqu’à 15 ans de prison. Son procès a été reporté pour la cinquième fois le 15 décembre, tandis que le gouvernement bahreïnite cherche à examiner son compte Twitter de manière plus approfondie et que le verdict de son procès est prévu pour le 28 décembre. Les groupes de défense des droits de l’homme ont souligné que le procès de Nabeel Rajab était également un procès pour l’avenir du Bahreïn.
Cela intervient dans un contexte de répression intensifiée contre la société civile et l’opposition politique à Bahreïn à la mi-2016. Le principal parti d’opposition Al-Wefaq a été dissous par les autorités bahreïnies, le secrétaire général Sheikh Ali Salman condamné à quatre ans de prison pour des discours pacifiques qu’il a prononcés, une peine qui a ensuite été portée à neuf ans. Lui aussi est un prisonnier d’opinion et sa peine a été confirmée en appel le 12 décembre. Fadhel Abbas Mahdi Mohamed, ancien secrétaire général d’un autre parti d’opposition, Al-Wahdawi, a été condamné à trois ans de prison pour les déclarations de son parti critiquant la guerre au Yémen.
L’Ombudsman et l’Unité des enquêtes spéciales, des institutions créées pour enquêter sur les allégations de violations des droits de l’homme et garantir la responsabilité, ont obtenu quelques succès, mais ceux-ci ont été limités. Les deux institutions n’ont pas réussi à enquêter sur les violations de manière transparente, rapide, approfondie et efficace, ne garantissant en fin de compte pas une véritable responsabilité ou un effet dissuasif et permettant ainsi à une culture d’impunité de prévaloir.
Dans l’intervalle, les autorités bahreïnis ont continué à retirer la citoyenneté des dissidents, des militants et autres, les laissant souvent apatrides. Les autorités ont également imposé des interdictions de voyage à de nombreux défenseurs des droits de l’homme, y compris ceux qui tentaient de participer aux sessions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU en juin et septembre de cette année.
Dans l’environnement géopolitique complexe dans lequel nous nous trouvons, il est essentiel que l’UE persévère dans son rôle de promoteur et de défenseur des droits de l’homme. Nous demandons donc au SEAE et aux États membres de signaler d’urgence ces violations des droits de l’homme aux autorités bahreïnis. Nous sommes impatients de vous répondre à ce sujet.
Merci beaucoup,
Députés ayant signés:
Julie Ward
Ana Gomes
Bart Staes
Beatriz Becerra
Brando Benifiei
Catherine Stihler
Ernest Urtasun
Eva Joly
Hilde Vautmans
Jean Lambert
Jude Kirton-Darling
Kati Piri
Miapetra Kumpula-Natri
Michèle Rivasi
Nessa Childers
Pascal Durand
Philippe Lamberts
Pier Antonio Panzeri