Le vendredi 28 octobre 2016, les 193 États membres des Nations Unies ont voté aux élections du Conseil des droits de l’homme et 152 États ont décidé que l’Arabie saoudite était apte à occuper un siège. Les élections concernaient 14 des 47 sièges du Conseil, dont l’un occupera l’Arabie saoudite en tant que représentant du bloc asiatique. Il s’agit du quatrième mandat du pays au Conseil et constitue une insulte à la mission du Conseil de «renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme dans le monde et faire face aux situations de violations des droits de l’homme».
La réélection de l’Arabie saoudite intervient en dépit de la démonstration répétée du gouvernement saoudien de mépris flagrant à l’égard des normes internationales relatives aux droits de l’homme. Le pays fait partie des pays les moins libres selon Freedom House, et Amnesty International et Human Rights Watch documentent systématiquement les violations des droits humains dans un large éventail de domaines. Celles-ci incluent les restrictions à la liberté d’expression, le recours à la torture et à la peine capitale et les exécutions fréquentes.
L’un des problèmes qu’ils soulignent concerne les restrictions imposées par l’Arabie saoudite à la liberté d’expression. Le gouvernement saoudien considère comme menaçante toute action qui pourrait saper le pouvoir politique de la famille royale. À cette fin, il criminalise les appels à la réforme du gouvernement, les manifestations et l’élargissement des libertés politiques. Le pouvoir de l’État repose également sur sa doctrine religieuse wahhabite hautement conservatrice qui sert à étayer l’establishment politique. Ainsi, l’État considère que la critique même légère ou implicite des politiques religieuses du pays et de la version officielle de la religion est potentiellement dangereuse. Par exemple, des responsables saoudiens ont emprisonné Mikhlif al-Shammari en novembre 2014 pour avoir prétendument «attisé l’opinion publique à propos de la« coexistence »entre musulmans sunnites et chiites», entre autres chefs d’accusation. Cette accusation est importante car la doctrine wahhabite du pays soutient une discrimination anti-chiite généralisée.
Le gouvernement saoudien gère également un système judiciaire qui se caractérise par l’absence d’état de droit et l’absence de procédure régulière. Au sein de ce système, l’application de la peine capitale et les exécutions ont considérablement augmenté ces dernières années. L’Arabie saoudite se classe régulièrement parmi les principaux bourreaux au monde et, en 2015, les autorités ont exécuté 158 personnes, le plus en 21 ans. Au 27 octobre 2016, il avait exécuté 137 personnes. 57 détenus risquent actuellement d’être exécutés, dont dix mineurs. Bon nombre de ces procès ont été marqués par de graves irrégularités judiciaires, notamment des actes de torture et des aveux forcés dans certains cas. Parmi ces prisonniers figurent trois jeunes hommes, Ali al-Nimr, Abdullah al-Zaher et Dawood al-Marhoon, qui ont été arrêtés mineurs et torturés jusqu’à ce qu’ils avouent.
En plus des abus domestiques, l’Arabie saoudite dirige une coalition d’États arabes dans une intervention dans le conflit au Yémen. L’entrée de la coalition dans le conflit au début de 2015 a conduit à de nombreuses violations des droits de l’homme. Les frappes aériennes de la coalition ont frappé à plusieurs reprises des cibles civiles et l’ONU a déclaré que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite était responsable de 60% de tous les décès de civils dans le pays. Parmi les cibles civiles touchées par la coalition figurent un camp de réfugiés, une école religieuse, un centre pour aveugles, des mariages, des hôpitaux de Médecins Sans Frontières (MSF) et un salon funéraire.
L’Arabie saoudite a manifesté à plusieurs reprises un mépris flagrant des droits de l’homme, tant au niveau national qu’international, et le gouvernement a ignoré les recommandations internationales de réforme. Comme l’Arabie saoudite ne respecte pas les normes relatives aux droits de l’homme, on ne peut pas s’attendre à ce qu’elle respecte les normes dans d’autres pays et contextes. Pour cette raison, la réélection de l’Arabie saoudite au Conseil des droits de l’homme est une insulte au Conseil en tant qu’institution chargée de faire respecter ces normes. À la lumière de cela, les États devraient prendre des mesures pour suspendre l’Arabie saoudite de son siège au Conseil.