L’Association saoudienne pour les droits civils et politiques (ACPRA) a été créée il y a sept ans ce mois-ci par un groupe diversifié d’activistes unis dans le but de faire connaître les droits de l’homme et de plaider pour une réforme constitutionnelle. Son membre le plus âgé, Suliman al-Rashudi, a apporté des décennies d’expérience en droit islamique et en droits de l’homme à l’organisation, renforçant la capacité des groupes à contester les injustices du gouvernement d’une manière qui a résonné dans la société saoudienne.
Suliman al-Rashudi est un juge de 80 ans et ancien président de l’ACPRA. Il est aux premières lignes de la promotion de la société civile et des droits de l’homme en Arabie saoudite depuis plus de deux décennies. En 1993, al-Rashudi, avec le cofondateur de l’ACPRA Abdullah al-Hamid, a contribué à la création de l’un des premiers groupes indépendants de la société civile en Arabie saoudite, le Comité pour la défense des droits légitimes (CDLR). Les autorités ont arrêté al-Rashudi pour la première fois pour son rôle dans la fondation du CDLR et lui ont interdit de voyager à l’extérieur du pays. Sans se décourager, al-Rashudi a dirigé en 1995 la première manifestation connue dans la région conservatrice de Najd en Arabie saoudite au nom des droits des détenus.
Dans son activisme, Al-Rashudi a trouvé un équilibre entre la vision et le plaidoyer pour la réforme du système politique saoudien dans son ensemble, et le travail au niveau micro représentant les prisonniers illégalement détenus. Dans les années 2000, al-Rashudi a aidé des détenus à déposer des rapports d’abus auprès du Comité saoudien des griefs ainsi qu’au niveau international auprès du Groupe de travail des procédures spéciales des Nations Unies sur la détention arbitraire (WGAD). Simultanément, al Rashudi a travaillé sans relâche pour défendre l’idée d’une monarchie constitutionnelle en Arabie saoudite. En 2007, les autorités ont de nouveau emprisonné al Rashudi pour avoir appelé à des réformes constitutionnelles avec un groupe d’activistes et d’universitaires connus sous le nom de «réformateurs de Djeddah».
Al Rashudi considérait son travail en faveur des droits humains non seulement comme compatible avec sa religion, mais aussi encouragé par Dieu. En décembre 2012, Rashudi a prononcé une conférence publique à Riyad sur les manifestations de légalité et leur validité dans l’islam. Rashudi a expliqué que «l’appel à des manifestations pacifiques pour lever l’injustice et la tyrannie et pour éliminer la corruption… est un appel pour le bien et pour promouvoir la vertu et prévenir le vice. Ce sont des devoirs divinement ordonnés pour tous les croyants…. Les manifestations pacifiques sont donc une expression et un moyen d’atteindre ces fins légitimes. »
La conférence a été mise en ligne sur YouTube le 11 décembre 2012. Le lendemain, les autorités ont arrêté al-Rashudi et la cour d’appel l’a ensuite condamné à 15 ans de prison pour «rupture d’allégeance au dirigeant», «coopération avec des organisations extérieures», et d’autres chefs d’accusation découlant entièrement de l’exercice pacifique de son droit à la liberté d’expression et d’association. Malgré son âge, les autorités saoudiennes ont gravement abusé d’al-Rashudi. Au cours de sa détention, al-Rashudi a été détenu à l’isolement, torturé et s’est vu refuser l’accès à des soins médicaux et à une représentation juridique.
Al-Rashudi purge actuellement sa peine à la prison d’al-Hayer près de Riyad. La communauté internationale continue de condamner son emprisonnement illégal et de plaider pour sa libération. Cependant, il reste incertain si al-Rashudi parviendra à passer ses dernières années à vivre la liberté à laquelle il a consacré sa vie.